Artistes québécois.e.s à la parole déliée et vive, Alix Dufresne et Christian Lapointe s’emparent de la vidéo-conférence intitulée Comment l’industrie culturelle use et abuse de l’art donnée par le philosophe Alain Deneault en 2021 et tirée de son livre L’économie esthétique. À l’invitation de l’Association acadienne des artistes professionnel.le.s du Nouveau-Brunswick, cette visioconférence tente de montrer comment le capitalisme maintient sous pression les artistes et les incitent à devenir rentables. Les deux artistes proposent une performance déjantée et incisive avec, comme toile de fond et projetée sur écran, la prise de parole controversée du philosophe. Ils y mettent en jeu la notion de marchandisation et les mécanismes de détournement de l’art, et ce, par la création d’un encan de JNF (NFT) fabriqués en direct devant public. Leurs corps deviennent outils de création, mais aussi paradoxalement de promotion et de contestation : chair brutalisée par l’économie de la culture en quête d’une réappropriation de l’agentivité propre à la pratique de l’art.
Initié par le metteur en scène et acteur Christian Lapointe, USE ET ABUSE vient clore la résidence d’Alix Dufresne en tant qu’artiste associée à l’USINE C de 2022 à 2025. Elle s’allie naturellement à lui pour ce projet et poursuit ainsi sa recherche autour des réflexions d’Alain Deneault, telle qu’amorcée avec Hidden Paradise créé en 2018 sur le thème de l’évasion fiscale. Ici les deux artistes donnent corps à une forme hybride, à la fois ludique, performative et politique, laissant place à l’imprévisible à chaque représentation.
Idéation et interprétation
Alix Dufresne + Christian Lapointe
Production Carte blanche
D’après une conférence de
Alain Deneault
Metteur en scène et artiste transdisciplinaire, Christian Lapointe est le directeur général et artistique de Carte Blanche à Québec. Il est l’auteur d’un cycle de pièces regroupées sous le nom de Théâtre de la disparition. Depuis 2001, il a créé plus d’une trentaine d’objets artistiques et de performances présentés dans des contextes variés et dans des institutions renommées en arts vivants comme le Centre national des arts, le Royal Court Theatre ou le Festival TransAmériques. L’écriture de ses spectacles fait une riche place à la profération, emprunte à l’art de la performance et flirte avec l’installation vidéo. Artisan d’une démarche portant autour des notions observables de l’art du jeu, il est l’idéateur d’une méthodologie axée sur l’épaississement de la présence en scène par la modulation des positionnements scéniques dans le cadre d’une pratique actorale.
Alix Dufresne met en scène, écrit et joue. Parmi ses créations : Nuits Frauduleuses, La déesse des mouches à feu, Hidden Paradise, Féministe pour Homme et Malaise dans la civilisation. Pour son audace de renouveler les pratiques de la mise en scène, elle se positionne comme une figure montante des arts de la scène. Ses spectacles, qu’ils soient poétiques, sociologiques ou politiques, résonnent toujours avec les préoccupations du monde actuel.