« Le théâtre a toujours été violent ou considéré comme tel.
Le drame émerge toujours du conflit, et l’une des stratégies humaines les plus significatives (pas les plus plaisantes, naturellement) pour traiter le conflit est la violence. La violence relève donc du genre théâtral lui-même. Il me semble que la violence est un des plus grands problèmes, si ce n’est le défi le plus crucial de l’humanité. Comme les avancées de la science et de l’art, la violence semble être un facteur constant dans une définition de la race humaine. Les raisons de la violence demeurent, malgré tant de recherches, énigmatiques. La violence est toujours la grande question et le théâtre est l’endroit le plus approprié pour poser cette question.
Alors que les Grecs anciens croyaient que nous pouvions apprendre quelque chose au sujet de la nature humaine en regardant des personnages se débattre au cœur de conflits tragiques, notre société moderne tente à tout prix d’éviter la tragédie. Ainsi, les conflits sont résolus par la police et les juges avant qu’ils ne deviennent tragiques ou violents. La société délègue la violence à l’État. Par contre, la famille est un endroit presque anarchique. Il est très difficile pour un enfant maltraité de faire appel à la police ou à un avocat. La famille fonctionne toujours selon un système archaïque.
Pour moi, décrire la famille est une manière d’aborder les conflits archaïques de la société moderne. Je crois qu’il est nécessaire d’étudier la nature humaine avant d’inventer des idées et des idéologies pour l’être humain.
On m’a dit à l’école que personne n’aurait besoin de ma génération, qu’il n’y aurait jamais de travail pour nous. Je suis sûr que cette frustration a pénétré la pièce d’une façon ou d’une autre. J’ai bien peur que la plupart des jeunes Allemands d’aujourd’hui soient effrayés par l’avenir et qu’ils suivent les modèles de leurs parents ou grands-parents afin de se sentir en sécurité. Pourtant, il y a une relation forte entre les jeunes artistes internationaux et les gens de théâtre qui expriment leur mécontentement. Plusieurs de mes meilleurs amis et collègues habitent l’Australie, l’Argentine ou la France. Je trouve ma propre identité au-delà des frontières d’un pays déterminé. »
Marius von Mayenburg